Souffle j'étais
Ce trio suit le destin musical et sonore de courtes cellules et figures compositionnelles, que l'on pourrait appeler métaphoriquement des souffles, à l'image de bulles ou de ballons envoyés dans le ciel, dont on suivrait la trajectoire le plus loin possible avant de leur prêter une destinée. Dans le premier mouvement, l’intervalle de seconde, cette petite chose qui en contient en puissance bien d’autres, est la principale cellule employée, le principal « souffle ». Le « souffle » du second mouvement est une figure d’accord arpégé qui s’imprime aussi bien verticalement, en termes d’harmonie, qu’horizontalement comme répétition temporelle.
L’emploi de l’imparfait dans Souffle j’étais suggère une présence qui continue, une vivacité encore bien présente.
Le premier mouvement comporte deux
parties issues du même matériau mais assez dissemblables dans leur réalisation (première partie : mesures 1 à 47 ; seconde partie : mesures 48 à` 74) et une coda (à partir du chiffre 10). Dans la première partie, la main gauche du piano et le violoncelle sont intimement associés dans le grave (peut-être une réminiscence de Brahms ?), ce qui dégage l’espace du médium et de l’aigu pour le hautbois et la main droite, et leur laisse toute liberté pour décliner ces « souffles », brèves cellules de deux notes. La seconde partie reconfigure cet équilibre, en associant le hautbois et le violoncelle en homorythmie, alors que le piano se voit confier un flux qui pose des appuis harmoniques.
Dans le deuxième mouvement, il s’agit avant tout d’explorer un champ harmonique confié au piano. Toutefois, l’énonciation arpégée des accords permet de basculer aisément d’un temps contemplatif à un temps strié, pour laisser la place à de courts duos hautbois/violoncelle dans lesquels le piano se tient à l’arrière-plan. Le développement central associe ces deux formes d’écriture : temps harmonique strié et jeux entre hautbois et violoncelle. Le mouvement est articulé en séquences dont les enchaînements se font soit en rupture soit en fondu.
L’œuvre est dédiée à Emmanuelle Sanglar, pianiste, et professeur de piano, en partage d’une belle et longue amitié. |
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